Face à un petit accrochage, la tentation est grande de régler l’affaire discrètement pour éviter ce fameux malus qui vous suivra comme votre ombre. Mais jouer à cache-cache avec votre assureur pourrait vous coûter bien plus cher que prévu. Selon l’AGIRA, des milliers d’automobilistes se retrouvent chaque année sur liste noire pour avoir dissimulé un sinistre. Alors, prêt à jouer aux dés avec votre contrat d’assurance ?
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La règle d’or que personne ne respecte
Vous savez quoi ? J’ai eu cette conversation pas plus tard que la semaine dernière avec un ami. Petit accrochage sur un parking, rétroviseur cassé… « Pas besoin de le déclarer », m’a-t-il dit avec un clin d’œil complice. Erreur ! Et pas des moindres.
La loi est claire comme de l’eau de roche sur ce point : tout sinistre susceptible d’engager la garantie de votre assureur doit être déclaré. Vous avez exactement 5 jours ouvrés pour le faire (2 jours en cas de vol). C’est inscrit noir sur blanc dans l’article L113-2 du Code des assurances.
Quand faut-il vraiment déclarer ?
Attention, nuance importante ! Vous n’êtes tenu de déclarer que les sinistres couverts par vos garanties. Petite illustration :
Situation | Obligation de déclarer ? |
---|---|
Pare-brise cassé + vous avez la garantie bris de glace | Oui, absolument |
Pare-brise cassé + vous n’avez pas la garantie bris de glace | Non, pas nécessaire |
Accrochage impliquant un tiers | Oui, même minime |
Dommage à votre véhicule seul + vous avez la garantie tous risques | Oui, obligatoirement |
« Concrètement, la règle est simple : si votre contrat couvre le dommage, vous devez le déclarer. Pas de zone grise », comme me l’expliquait récemment un expert en droit des assurances.
Quand le silence devient votre pire ennemi
Vous pensez être malin en gardant pour vous ce petit accrochage ? Figure-vous que les assureurs ont plus d’un tour dans leur sac pour détecter les cachotteries. Et là, c’est le début des ennuis.
Les sanctions qui font mal
Imaginons que vous ayez un petit accrochage. Rien de grave. Vous décidez de ne pas le déclarer. Trois mois plus tard, votre assureur l’apprend. Que se passe-t-il ?
- Résiliation immédiate de votre contrat (oui, ils peuvent le faire)
- « Fichage » à l’AGIRA pendant 5 longues années
- Difficultés majeures pour retrouver un assureur
- Et si des tiers sont impliqués : remboursement des indemnités versées à la victime (qui peuvent atteindre des sommes astronomiques)
C’est comme jouer à la roulette russe avec votre portefeuille. Un jeu dangereux. Surtout que les assureurs communiquent entre eux via ce fameux fichier AGIRA. Vous êtes fiché une fois, vous êtes fiché partout.
Les pièges qui se referment
J’ai connu quelqu’un qui s’est fait avoir de la plus banale des façons. Petit accrochage sur un parking, il propose 200€ à l’autre conducteur pour éviter le constat. L’autre accepte l’argent… puis va quand même déclarer le sinistre à son assurance ! Notre ami s’est retrouvé coincé : non-déclaration, absence de constat, et cerise sur le gâteau, il avait payé 200€ pour rien.
Bon, soyons honnêtes, ça arrive plus souvent qu’on ne le pense. Les gens changent d’avis, surtout quand leur garagiste leur annonce un devis bien plus élevé que prévu.
Changer d’assureur : la double peine
Vous avez caché un sinistre et vous décidez de changer d’assurance pour bénéficier d’un meilleur tarif ? Mauvaise idée. Très mauvaise idée.
Pour les assureurs, ne pas déclarer un sinistre s’apparente à une fraude. C’est un peu comme si vous mentiez sur votre CV – ça peut fonctionner un temps, mais quand la vérité éclate, c’est catastrophique.
Si vous êtes résilié pour sinistralité excessive (ou pire, pour non-déclaration), vous entrez dans le cercle très fermé des « conducteurs à risque ». Les tarifs s’envolent. Certains refuseront même de vous assurer. Vous pourrez toujours saisir le Bureau Central de Tarification qui obligera un assureur à vous couvrir… mais à quel prix !
Solutions intelligentes : mieux vaut prévenir
Plutôt que de jouer au chat et à la souris avec votre assureur, pourquoi ne pas anticiper ? Deux approches possibles :
Adapter vos garanties
Si vous conduisez une voiture qui a déjà quelques bosses et éraflures, est-ce vraiment nécessaire d’avoir une garantie tous risques ? Peut-être pas. En réduisant vos garanties aux risques essentiels, vous limitez mécaniquement les déclarations obligatoires.
Négocier vos franchises
Une autre approche consiste à augmenter vos franchises. Imaginez : vous avez une franchise de 500€ sur votre garantie dommages. Un petit accrochage vous coûte 300€ de réparation. Vous déclarez le sinistre (comme la loi vous y oblige), mais vous ne demandez pas d’indemnisation puisque le montant est inférieur à la franchise. Vous respectez la loi sans impacter votre bonus-malus !
C’est parfois un compromis judicieux entre transparence et protection de votre portefeuille à long terme.
Au fond, à quoi sert une assurance qu’on n’utilise pas ?
C’est la question qu’on doit tous se poser. Payer une assurance chaque mois pour ensuite éviter de l’utiliser par peur des conséquences, n’est-ce pas un peu absurde ? C’est comme acheter un parapluie et refuser de l’ouvrir sous la pluie pour ne pas l’abîmer. Vous ne trouvez pas ?
Et vous, avez-vous déjà été tenté de ne pas déclarer un sinistre ? Quelles conséquences cela a-t-il eu sur votre relation avec votre assureur ? Après tout, nous sommes tous humains face à ces contrats parfois si complexes…